L’histoire de l’ophtalmologie
Première partie
La médecine remonte bien avant l’époque brahmanique, c’est-à-dire au cours du millénaire qui précède l’ère chrétienne. Quant à l’ophtalmologie, elle est considérée comme la plus ancienne spécialité de la médecine. Nous retraçons l’existence de l’ophtalmologie aussi loin que Galien (131-210) qui a écrit un traité sur l’anatomie de l’œil et le diagnostic des maladies de l’œil.
Au temps de la première dynastie babylonienne (2003 à 1902 A.C.) un code édité par Hammourabi mentionne que déjà, à cette époque, on pratiquait des opérations oculaires. Des fouilles dans les années cinquante (1950 notre ère) ont révélé qu’à l’époque égyptienne, sous les IVe, Ve et VIe dynasties des Pharaon, des médecins oculistes prodiguaient des soins aux malades. L’époque grecque est dominée par la figure d’Hyppocrate, le Père de la médecine; celui-ci a décrit des maladies de l’œil. Au cours de l’époque romaine, la médecine grecque a envahi Rome au 2e siècle précédant notre ère. Galien (131-210) a déjà à son crédit une « anatomie de l’œil » et un traité sur le « Diagnostic des maladies des yeux «.
L’époque arabe nous a transmis plusieurs ouvrages d’ophtalmologie.
Une étape importante dans l’histoire de l’ophtalmologie s’est inscrite en France en 1268 lorsque Saint-Louis, roi de France, fonda à Paris l’hôpital national des Quinze-Vingt pour fournir un asile à 300 aveugles à la suite des Croisades. Par la suite, et sans interruption, des médecins ophtalmologistes prodiguent des traitements oculaires dans cette institution spécialisée.
Le XIIIe siècle apporte des œuvres d’ophtalmologie importantes, dont trois traités d’optique.
À l’époque du Moyen Âge, Lanfranc cite l’opération de la cataracte.
L’époque du XVIIe et du XVIIIe siècle apporte une série de publications ophtalmologiques dont plus de 40 s’avèrent d’une portée considérable.
L’époque du XIXe et du XXe siècle ouvre des voies nouvelles. Helmholtz, physiologiste allemand, découvre l’ophtalmoscope, dont se servent les ophtalmologistes depuis cette date jusqu’à nos jours pour le diagnostic des maladies du fond d’œil (ophtalmoscopie) et d’un certain nombre de maladies générales, coexistantes.
La biomicroscopie oculaire présentée par Gullstrand permet d’examiner de façon microscopique les tissus des segments antérieurs de l’œil. À cette époque également, de très nombreux ouvrages d’ophtalmologie sont publiés, de multiples revues ophtalmologiques sont présentées et plusieurs sociétés savantes d’ophtalmologie prennent naissance un peu partout dans le monde.
L’infirmité terrible de la cécité a toujours été un souci constant de la part des ophtalmologistes. Il est pertinent de remarquer qu’au cours des siècles, les non-voyants ont été l’objet d’une sollicitude exceptionnelle. Dans l’antiquité grecque et dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, les non-voyants sont assistés à domicile. Les Pères de l’Église se penchent sur le sort des non-voyants, en particulier Saint-Jérôme (331-420). Des hôpitaux destinés à recueillir les malheureux privés de la vue sont nombreux : la plus célèbre des institutions est celle que fonde Saint-Césarée au IVe siècle. Sous Justinien 1er, empereur d’Orient de 527 à 565, des asiles sont mis à la disposition des non-voyants. Saint-Bertrand, mort en 623, fonde à Pontlieu (Sarthe) un hôpital destiné à recevoir les non-voyants. Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, qui vécut au XIe siècle fonde des hôpitaux pour non-voyants à Bayeux, Rouen, Cherbourg et Caen en France. Au XIVe siècle, on assiste à la fondation de nombreuses « aveugleries ». Les non-voyants, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, ont bénéficié d’une assistance remarquable. Les médecins ophtalmologistes se sont toujours donnés comme mission de promouvoir sous toutes ses formes la prévention de la cécité.
Il importe ici de noter que l’examen de la réfraction* a toujours été pratiquée au cours des siècles par les médecins ophtalmologistes comme un acte faisant partie de l’examen médical ophtalmologique complet. L’examen de réfraction est pratiqué aujourd’hui en majeur partie par les optométristes.
Quelques dates historiques et quelques noms prestigieux
1268
L’hôpital National des Quinze-Vingt est fondé à Paris par St-Louis. Cet hôpital existe toujours et nombreux sont les médecins ophtalmologistes québécois qui y ont suivi leur entraînement.
1765
Création de la première chaire d’ophtalmologie à St-Côme, France. L’ophtalmologie est considérée comme la première discipline médico-chirurgicale à se mériter le titre de «spécialité».
1805
Création du Moorfields Eye Hospital à Londres qui demeure encore le plus grand hôpital de soins oculaire au monde.
1851
Helmoltz découvre l’ophtalmoscopie qui est améliorée par la suite par Gullstrand (1862-1930), ophtalmologiste suédois.
Franz Cornelius Donders (1818-1889), éminent médecin ophtalmologiste hollandais, est considéré comme le Père de la réfraction moderne (travaux publiés en 1858-1860 et 1864). Pour commémorer de façon universelle ce fait historique scientifique, le gouvernement hollandais a fait imprimer un timbre à la mémoire de Donders.
1863-1920
L’ophtalmologiste L.E. Javal, dont les travaux s’échelonnent de 1868 à 1896, est considéré comme le «Père de l’orthoptique» dont il a jeté les principales bases.
Worth, en 1903, inventa le grand amblyoscope, ancêtre des appareils actuels (synoptophore et autres).
1888
Première adaptation d’un verre de contact à l’œil humain.
1850-1865
Apparition des premiers tonomètres. Les appareils perfectionnés par Schiotz datent de 1925.
*L’examen de la réfraction
L’examen de réfraction consiste à rechercher les problèmes de vision tels la myopie, l’hypermétropie, l’astigmatisme et la presbytie en prévision de prescrire des verres correcteurs (lunettes) ou des verres de contact.
L’ophtalmologie au Québec
Université Laval
L’Université Laval à Québec fut l’une des premières universités au Canada à donner l’enseignement de l’ophtalmologie aux étudiants en médecine. En 1866, le docteur Louis Joseph Alfred Simard, après trois années de brillantes études en Europe, revient à Québec pour enseigner la pathologie générale, l’anatomie et la physiologie. Il réussit à convaincre les autorités de l’université de l’importance d’une spécialité médicale inexistante au Canada, mais très importante en Europe qu’il a étudiée tout particulièrement : l’ophtalmologie. On lui confie donc l’enseignement de cette matière et il en devient le premier professeur titulaire. Pendant plusieurs années, le docteur Simard sera le seul médecin ophtalmologiste à Québec. Il se dévouera au service de ses élèves et de ses patients tant à l’université qu’à l’Hôtel-Dieu de Québec durant plus de 46 ans. En 1896, le docteur Simard s’était adjoint un assistant dans la personne du docteur Patrick Coote : celui-ci avait étudié l’ophtalmologie en Allemagne et en Irlande. En 1903, le docteur Coote succède au docteur Simard comme professeur titulaire d’ophtalmologie et comme chef de service à l’Hôtel-Dieu. L’année suivante, à la demande du docteur Coote, l’Université Laval nome N.A. Dussault professeur agrégé et assistant de Coote à l’Hôtel-Dieu (Laval Medical, septembre 1957, page 332). Pendant plusieurs années l’enseignement ophtalmologique s’est faite surtout dans les hôpitaux suivants : l’Hôtel-Dieu, l’hôpital du Saint-Sacrement, l’hôpital de l’Enfant-Jésus, l’hôpital Saint-François d’Assise et au Centre hospitalier de l’Université Laval (CHUL).
Aujourd’hui, les médecins ophtalmologistes sont regroupés à Saint-Sacrement et également au CHUL où l’on retrouve la pratique de l’ophtalmologie pédiatrique.
Université McGill
De 1841 à 1860, le docteur Henry Howard pratiqua l’ophtalmo-oto-laryngologie au Montreal Eye and Ear Institution. En 1872, le docteur Frank Buller devint membre du personnel médical de l’Hôpital Général de Montréal. En 1883, il fut nommé premier titulaire de la Chaire d’ophtalmologie de l’Université McGill, puis en 1895, il prit charge du département d’ophtalmologie au nouveau Royal Victoria.
A la retraite du docteur Buller en 1905, ce fut le docteur John W. Stirling qui le remplaça tant au Royal Victoria qu’à l’université même. Après ce dernier, ce furent les docteurs Gordon Byers et Fred Tooke qui successivement occupèrent la Chaire d’ophtalmologie à McGill et la direction du département d’ophtalmologie au Royal Victoria, suivis à la Chaire universitaire par les docteurs Hanford McKee, médecin ophtalmologiste en chef à l’hôpital général de Montréal et John A. McMillan, médecin ophtalmologiste en chef au Royal Victoria.
Aujourd’hui, les médecins ophtalmologistes de McGill pratiquent essentiellement au nouveau CUSM (Centre universitaire de santé de McGill), à l’hôpital général Juif et à l’hôpital de Montréal pour enfants où se donnent également l’enseignement.
Université de Montréal
L’enseignement de l’ophtalmologie à Montréal commença dès le retour d’Europe de son premier professeur Louis Édouard Desjardins. En plus de l’enseignement théorique donné à la Faculté, Desjardins donna des leçons à l’Hôtel-Dieu de Montréal et à l’Institut ophtalmique de Nazareth, rue Sainte-Catherine. Le docteur Desjardins fit une année d’étude en Europe en 1868 pour y retourner presque tous les deux ou trois ans par la suite. Sa renommée était si grande qu’il fut appelé à présider la séance inaugurale du Congrès International d’Ophtalmologie tenu à Paris en 1904. Le docteur Desjardins a formé de nombreux élèves dont les plus marquants ont été A.A. Foucher de Montréal, J.J. Prume de New-York et Beaupré de Québec. Le docteur Desjardins travailla à l’Hôtel-Dieu jusqu’en 1916 tandis que Foucher enseignait à l’Hôpital Notre-Dame où il fonda un service d’ophtalmologie. Le docteur Foucher écrivit un traité d’ophtalmo-oto-rhino-laryngologie publié à Montréal en 1894. Les successeurs de Desjardins à la tête du service de l’Hôtel-Dieu ont été les docteurs Albert Lasalle, Paul-E. Bousquet et François Badeaux. Ceux du docteur Foucher à Notre-Dame ont été les docteurs J.N. Roy et Philippe Panneton.
Aujourd’hui, les médecins ophtalmologistes pratiquent dans plusieurs hôpitaux de Montréal et l’enseignement se donnent au CHUM-Hôpital Notre-Dame, à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont et à l’hôpital Sainte-Justine pour le volet pédiatrique.
Université de Sherbrooke
À venir